→ Quel est votre sentiment vis-à-vis des étrangers ? J'ai toujours porté Caswell dans mon coeur et je suis fier d'y avoir vu le jour. Au fils des ans, la ville a connu d'innombrables périodes troubles, toutes plus sombres les unes que les autres et pourtant, mon affection pour elle ne cesse de croître. J'ai en effet un immense respect pour cette modeste bourgade ainsi que pour ses habitants qui essuient les pires catastrophes et choisissent toutefois d'y demeurer. Comment vous expliquer ? Nous autres, autochtones, sommes reliés par un lien indéfectible ; une tendresse commune pour ce lieu qui nous a vu naître et auprès duquel nous passerons probablement nos derniers instants. Cet attachement, les étrangers ne le comprennent pas toujours, peut-être les dépasse-t-il. Si d'aucuns le respectent, d'autres le méprisent et j'éprouve sans honte une haine indicible pour cette seconde catégorie de personnes.

→ Que pensez-vous du conseil municipal et de son action ? Vous me demandez mon avis au sujet du conseil municipal mais encore faudrait-il définir son rôle exact ! Je me doute bien que les décorations de Noël et l'organisation de la prochaine vente de charité ne constituent pas la principale occupation de ses membres, bien que cela soit ce que ces derniers tentent de nous faire croire depuis des générations. Quoi qu'il en soit, leur autorité est incontestable est la moindre de leurs déclarations est parole d'évangile, c'est pourquoi je ne me risquerai pas à émettre une quelconque critique à leur propos. Tout ce que je peux dire, c'est que je suis en accord total avec leur philosophie première : Caswell se suffit à elle-même et dépendre d'un tiers serait une insulte à notre chère cité.

→ Que pensez-vous des récents événements ? Croyez-vous en toutes ces rumeurs surnaturelles ? Il est vrai que dernièrement, l'infortune semble s'être abattue sur Caswell : le taux de criminalité a grimpé en flèche et la police, désemparée, ne nous est actuellement d'aucun secours face à cette vague de violence grandissante - sans parler des différents incidents inexpliqués qui font le bonheur des journalistes depuis plusieurs mois déjà. Malgré cela, j'ai le regret de vous informer que je suis un véritable cartésien dans l'âme. Autrement dit, je ne crois qu'en ce que je vois. Tant que je n'assisterai pas à l'implosion du quartier ou à une quelconque catastrophe un tant soit peu surnaturelle, je resterai donc persuadé que tous ces événements possèdent une explication logique et que les rumeurs comme quoi des monstres hantent nos rues ne sont que de vulgaires racontars. Or, j'ai passé l'âge de me fier aux cancans.

→ Avez-vous un secret vous concernant à nous révéler ? Ma foi, si je vous le révélais, son nom de "secret" n'aurait plus de raison d'être ! Plus sérieusement, il me semble n'avoir plus rien à vous apprendre : mon renvoi de l'armée a fait le tour de Caswell à l'instant même ou j'ai pénétré dans l'enceinte de la ville. Ici, vous comprendrez bien assez vite que la notion d'intimité échappe au plus grand nombre... Étonnamment, la raison de mon renvoi, quant à elle, n'est pas parvenue aux oreilles de mes concitoyens - du moins pas encore. Tant mieux. Ils ne comprendraient pas.

→ Avez-vous été témoin dans la ville de choses que vous aimeriez dénoncer ? Je n'ai rien vu de particulier ; navré de vous décevoir. Mais sachez que toute personne qui tentera de nuire d'une manière ou d'une autre à la réputation de Caswell ou au bien-être de ses habitants aura à répondre de ses actes. La délation ? Très peu pour moi. De plus, pourquoi s'adresser à un système judiciaire défectueux et souvent trop clément lorsque l'on peut se débrouiller seul ? Prenez-vous en à ma ville et je me chargerai de vous à ma manière.

→ Vous êtes pris dans un cyclone. Des débris sont tombés sur la personne qui vous est la plus chère et sur un enfant que vous ne connaissez pas. Si vous la sauvez cette personne vivra avec un handicap terrible mais l’enfant mourra. Si vous sauvez l’enfant il sera indemne mais l’autre mourra. Vous ne pouvez en sauver qu’un, alors que faites-vous ? J'ai bien envie de vous dire que je sauverais l'enfant, ce dernier ayant la vie devant lui - qui plus est si l'autre victime est l'un des mes proches : elle comprendrait ou du moins accepterait mon choix - mais entre dire et agir, il y a un monde ! Qui sait quelle serait ma véritable décision si je me retrouvais face à un tel dilemme ? Qui vous dit que je ne me contenterai pas de m'enfuir avant de me barricader chez moi ? L'homme est faible, ne l'oublions pas. Et puis d'abord, depuis quand Caswell est-elle sujette à de tels bouleversements météorologiques ?