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 Is that all, stranger ? ▬ Christopher

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Tesla H. Williams
Tesla H. Williams

date d'arrivée : 04/09/2013
mensonges : 23
crédits : Blondie
multicomptes : Aucun
âge : 33 ans
adresse : City center
humeur : Méfiante

sneak peek
Relations
:
What about the town ?:
Je sais tout de la vérité

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MessageSujet: Is that all, stranger ? ▬ Christopher    Is that all, stranger ? ▬ Christopher  EmptySam 14 Sep - 12:34


    Lorsqu’elle entrouvrit les yeux, ce matin-là, le soleil était encore au plus bas du ciel. Sa courbe sinueuse frisait la mince ligne d’horizon qui tremblait, courbée et distordue par l'éclat de ses rayons. À la faveur d’une aube voilée, ils transparaissaient à peine d’entre les ramures de l’arbre dont les feuilles, par temps venteux, venaient caresser d’un crissement cristallin le verre de sa fenêtre. Il n’y avait cependant pas de vent aujourd'hui, tout juste un petit courant d’air fébrile et léger comme un soupir, qui s’infiltrait entre les volets défaits et venait effleurer les courbes de son visage, encore alourdies par le sommeil. Le ciel, lui, s’éclairait déjà comme une flamme mourante, un flamboiement d’or sanglant, annonciateur de temps lourd, peut-être orageux. Ou de neige. Ici, ce ne serait pas une première. Sans esquisser le moindre mouvement, Tesla laissa glisser son regard du ciel à sa table de nuit où trônait, traître, un réveil matin bon marché – une antiquité – dont l’écran digital vieilli laissait désormais à peine entrevoir l’heure. Elle plissa des yeux pour discerner les chiffres numériques. 8 h 28. Il lui restait deux minutes de sommeil. Elle fermerait donc les yeux pendant deux minutes. S’étirant doucement, du bout des orteils au bout des doigts, dans un gazouillement infantile et bienheureux, la belle repoussa sans ménagement couette et draps, éteignit l’alarme du réveil qui s’apprêtait à sonner, déchirant ses tympans d’un croassement aigu, et se leva pour attaquer sa journée.

    Une longue journée. D’une main, alors qu’elle était encore lovée dans la doublure fourrée de son trench rouge savamment élimé, Tesla ouvrit son agenda tanné, à la reluire de cuir et tourna sèchement les pages jusqu’à tomber au jour voulu. Aujourd’hui. Griffonnées de son écriture droite et calligraphe, trois dates, dont une cerclée de rouge, barraient les lignes mauves du carnet malmené. Seulement trois rendez-vous en douze heures, une aubaine. Une aubaine froide, glaciale, mais une aubaine quand même. Comme pour affirmer ses propos, un courant d’air mordant filtra d’entre les mèches volages de ses cheveux, caressant sa nuque découverte d’un froid baiser, et ne put réprimer un frisson. Aussitôt ce fut comme croquer à pleines dents dans un souvenir, le même air de déjà-vu la baigna d’un malaise tangible ; En trente années d’existence, Tesla n’avait pas vu Caswell changer. C’était les même rues, le même ciel, le même bitume usé année après année. Pourtant, imperceptiblement, ses rêves d’enfant étaient devenus ses craintes d’adulte, et la peur de quitter son cocon familial s’était muée en la peur de devoir y finir ses jours. Elle avait changé, la vie l’avait changée, la ville l’avait changée. Elle était devenue plus effarouchée, plus frileuse. Seul son quotidien routinier l’empêchait d’en prendre conscience pleinement, et elle préférait  de loin se laisse bercer par le métronome valsant qui rythmait ses journées plutôt que de prendre du recul et de faire le bilan de sa vie. Qu’y verrait-elle de toute façon ?

    Son bureau – sa deuxième maison – se trouvait au cœur du centre-ville, tout près des commerces et, depuis chez elle, il ne lui fallait pas plus d’un quart d’heure pour s’y rendre. Ses pas l’y avaient conduite de façon presque mécanique, mais alors qu’elle s’apprêtait à en passer la porte, des éclats de voix l’interpellèrent. Jusque-là perdue dans ses pensées, la belle n’avait pas remarqué qu’un différend semblait avoir éclaté au bout de la rue, par laquelle pourtant elle venait d’arriver. Poussée par la curiosité, et alors que la lourde porte de chêne reposait toujours dans le creux de sa main, Tesla se pencha légèrement en arrière pour voir de quoi il retournait. Il y avait tous les jours des conflits de voisinage à Caswell, comme partout, mais la plupart des altercations tournaient autour des visages étrangers à la ville, comme c’était le cas ici. Au cœur de la rumeur, il y avait trois hommes, deux citadins qu’elle avait déjà aperçus en se rendant à son travail, et un homme qui lui était complètement inconnu, l’air assez vivant toutefois pour n’être à coup sûr pas originaire de cette communauté reculée du Maine. À cette distance, il lui était impossible de savoir de quoi il était question exactement. Des éclats de voix lui parvenaient, bien sûr, un cercle de badauds avait même commencé à se former autour d’eux, et les gens murmuraient à leur passage. Mais elle ne pouvait distinguer un traître mot de ce qui se disait. Et qu’importait ? Ici, tous les prétextes étaient bons pour s’en prendre à un extérieur, avec l’espoir malsain de créer un conflit. L’homme avait peut-être eu le malheur de croiser leur regard, les habitants auraient alors décrété qu’il les avait toisés avec hargne. Les étrangers devaient souffrir à Caswell d’une xénophobie qui empirait d’année en année, et dans cette petite ville où tout le monde connaissait tout le monde, les nouveaux arrivants étaient très vite stigmatisés et mis à l’écart. Au fond d’elle-même, Tesla espérait que l’homme en question ne s’éterniserait pas ici. Par méfiance, bien sûr, mais aussi pour lui-même, pour son propre bien-être. Il ne devait pas rester ici.

    Estimant qu’elle en avait assez vu, la riche héritière passa la porte et, coupant court aux ragots, s’isola enfin dans son antre, son havre de paix. Elle salua brièvement ses employés puis, avec un soupir de soulagement, teinté toutefois de dépit, s’installa derrière son bureau et jeta un regard blasé à la pile de dossiers qui s’y était dressée pendant la nuit. Un coup d’œil à son horloge mural lui apprit, en outre, que son prochain rendez-vous était prévu pour les dix minutes qui arriveraient, ce qui signifiait qu’elle était en retard sur son emploi du temps et n’aurait pas le temps de contacter qui elle devait contacter. Nouveau soupir. Trois rendez-vous, dont une visite immobilière avec un certain Christopher Sanders, un étranger de plus, natif d’un état voisin, un journaliste qui semblait cumuler les tares. La porte d’entrée de son agence claqua à cette instant précis, annonçant l’arrivée de son rendez-vous ; L’homme venait pour prendre possession d’un appartement assez onéreux du centre-ville, et comme à chaque fois qu’il était question d’un bien dépassant une certaine valeur, c’était elle qui se chargeait de la communication. Ça mettait en confiance. Se levant, Tesla repassa les plis de sa jupe d’une main sèche et se dirigea vers la porte. La main posé sur la poignée, elle prit une grande inspiration et ouvrit : « Monsieur Sanders ? Un sourire éclatant mais froid ourlait ses lèvres délicatement étirées. Entrez je vous prie. »
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Christopher Sanders
Christopher Sanders

date d'arrivée : 05/09/2013
mensonges : 14
crédits : Tesla H. Williams
âge : 29 ans


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MessageSujet: Re: Is that all, stranger ? ▬ Christopher    Is that all, stranger ? ▬ Christopher  EmptyLun 16 Sep - 21:37

« Espèce d’enfoiré, c’est toi qui as fait ça ! »

Christopher fit volte-face et se retrouva nez à nez avec un homme d’une quarantaine d’année, les sourcils froncés, la bouche déformée par un rictus de colère. L’homme serrait les poings, et les muscles de ses bras étaient tendus. Une goutte de sueur perlait sur son crâne entièrement dégarni. Il avait tout l’air d’un travailleur de chantier chevronné. Mais il son attitude n’était pas naturelle, Christopher le sentait. Il le sentit davantage lorsque les mots qu’il venait de prononcer lui parvinrent enfin. L’armoire à glace désignait la portière arrière droite de son véhicule, un 4x4 qui n’était pas tout jeune. Son doigt s’arrêtait au bout d’une longue éraflure qui partait de la poignée de la porte pour s’arrêter à la limite avec le pneu. D’ailleurs, le pneu différait des autres car il paraissait moins sale, signe qu’il avait été changé récemment. Comme il s’y attendait, Christopher écouta le chauve hausser encore davantage la voix.

« Regarde-moi dans les yeux, connard. Oui, toi. Mon 4x4, c’est un modèle de collection. Un hummer très spécial produit en quantité limitée. Il m’a couté deux bras et un rein. J’espère que t’as de quoi payer les frais, étranger. »

Christopher ne put s’empêcher de sourire. La dernière phrase lui avait rappelé une réplique de John Wayne. Malheureusement pour lui, la montagne de muscle avait remarqué le mouvement de ses lèvres. Quelques personnes s’étaient rapprochées autour d’eux, afin de profiter du spectacle à venir. Du lynchage en règle. Christopher crut voir une femme passer sans s’arrêter à quelques mètres de lui.

« Ça te fait rire ? Tu veux mon poing dans la gueule ? »

Résigné, Christopher soupira. Qu’y avait-il à répondre ? La réponse n’importait pas à cette caricature de grosse brute, qui comptait de toute évidence le frapper. Il tenta, néanmoins, la voie du conciliateur.

« Pardonnez-moi monsieur, mais je n’ai pas touché à votre véhicule. Comme vous pouvez le voir, je n’ai ni sac, ni matériel quelconque qui m’aurait permis de dégrader votre 4x4… De plus, je ne vois pas pourquoi j’aurais cherché à vous causer ce tort. Nous ne nous connaissons pas, et je n’ai rien contre vous. »

Déconcerté par la réponse de Christopher (trop de mots ?) le chauve s’empourpra. Les quelques badauds qui les encerclaient n’ajoutèrent rien en sa faveur, et se contentaient d’observer la scène avec délectation. « De toute façon, il va s’en prendre une. » devaient-ils penser.

« Menteur, en plus d’être un enfoiré et un connard. Je vais t’arranger le portrait tu vas voir. »

Voyant que la situation, comme il l’avait prédit, tournait en sa défaveur, Christopher tenta de prendre ses jambes à son coup mais il se heurta à une bande de vieillards qui se tenait là, lui bloquant le passage. L’un d’eux affichait un sourire malin. Christopher jura silencieusement et se retourna juste à temps pour voir un énorme poing qui fonçait vers lui. Il eut à peine le temps de se baisser au moment où le crochet fendit l’air, pour s’abattre sur la vitre du véhicule. Le bruit que fit l’explosion de verre fut retentissant et le cri aigu du chauve le fut bien davantage. Le cœur de Christopher battait à toute vitesse, alors qu’il se redressait pour contempler, incrédule, la main criblé d’éclats ensanglantés de la brute. Il entendit des fenêtres s’ouvrir, ce qui ne laissait présager que des problèmes. Le barrage de retraités auquel il tournait le dos était lui aussi stupéfait par la masse sanguinolente qui servait de main au caïd des petites rues. Lorsque le chauve laissa s’échapper une flopée de jurons sur un ton déformé par la rage et la douleur, Christopher comprit qu’il s’agissait là du signal qu’il fallait filer.

Il prit ses jambes à son cou, et détala en remontant la rue pour s’éloigner au maximum de cette première confrontation.

Christopher parvint au bureau de Mme Williams cinq minutes avant l’heure de son rendez-vous. L’altercation n’avait pas suffi à mettre en retard l’homme qui se révélait le plus ponctuel de l’agence de presse du Concord Monitor. Bien qu’un peu essoufflé, il était à l’heure. Après avoir enclenché la sonnette, une voix de femme grésilla à travers l’interphone et demanda l’objet de sa venue. « Bonjour, j’ai rendez-vous à neuf heures avec Mme Williams pour la location d’un appartement… » Il y eu un déclic et Christopher poussa la lourde porte d’entrée. Lorsqu’il pénétra à l’intérieur de l’agence, il apprécia l’impression d’ordre et de sérieux que dégageait l’endroit. A quelques mètres de lui, un homme d’une quarantaine d’années faisait ronronner une imprimante tout en buvant son café matinal, tandis qu’une secrétaire (probablement celle qui lui avait ouvert la porte) pianotait sans relâche sur le clavier de son ordinateur de bureau. Une jeune femme traversa la pièce en déposant un dossier dans une boite disposée à cet effet, puis un homme corpulent entama une conversation au téléphone depuis l’autre bout de la pièce. Chacun des employés semblait motivé, ce qui pinça le cœur de Christopher se rappelant les bureaux du journal qu’il ne reverrait pas de sitôt. Lorsqu’il s’approcha du bureau de la présumée secrétaire, celle-ci lui indiqua une porte sur la gauche, sans même lui accorder un regard. Christopher eut une expression hasardeuse, où l’on pouvait lire l’hésitation et la surprise. Il ne sut quoi répondre à ce geste, et se détourna de la femme pour suivre sa désignation. Sur ladite porte étaient incrustées sur une plaque dorée les lettres formant le prénom et le nom de la propriétaire des lieux, « Tesla Williams ». Un prénom peu commun, pensa-t-il avant de taper à la porte. Une voix retentit afin de l’inciter à entrer et il tourna la poignée.

Une femme d’une rare beauté se tenait derrière un bureau à la surface gigantesque où s’empilaient feuillets, dossiers, classeurs et trônait un écran d’ordinateur. Sa chevelure blonde encadrait un regard intimidant et hypnotisant en même temps. Les traits de son visage et son air sévère rendaient son regard impressionnant, au sens propre. Il y avait, dans cette expression, la sensation qu’on avait affaire à quelqu’un ; une personnalité forte et sulfureuse, dissimulée par une allure de givre. Christopher referma la porte derrière lui et s’éclaircit la voix tout en s’approchant timidement du bureau. « Madame Williams ? Je suis Christopher Sanders… Nous avions rendez-vous. »

La jeune femme s’adressa tout en lui tendant la main pour la lui serrer. « Oui, installez-vous. Elle désigna une chaise d’un mouvement de tête et Christopher s’empressa de s’y asseoir. Nous devions parler de la location du 12 Reagan Street. C’est bien ça ? » Christopher acquiesça d’un hochement de tête. Ils discutèrent quelques minutes des modalités du contrat de bail qui étaient parfaitement à la convenance de Christopher. Une fois les clauses explicitées, ils décidèrent d’aller visiter l’appartement, et Christopher eut un sourire de satisfaction. « Eh bien voilà au moins un point positif à cette matinée » lâcha-t-il finalement.

« Alors allons-y ! » déclara la dynamique patronne de l’agence de location. Elle s’empara de ses affaires à savoir son agenda, son portable et ses clés qu’elle rangea méticuleusement dans les poches de son sac à main, puis ils se levèrent en même temps et sortirent du bureau. Tandis que Mme Williams s’affairait à ouvrir la porte d’entrée du bâtiment, Christopher jeta un coup d’œil autour de lui et il croisa le regard de l’homme corpulent qui discutait au téléphone à son arrivée. Ses yeux le suivaient et sa bouche se tordait en un rictus de mépris. A son encontre, évidemment. Qui d’autre ? Christopher détourna vivement le visage et son attention se reporta sur Tesla Williams, qui lui tenait la porte. « Merci. Puis-je vous poser une question Mme Williams ? » La jeune femme répondit aussitôt par l’affirmative. « Bien entendu ? »

Christopher réfléchit quelques seconde à sa question, la première qu’il allait poser en tant que journaliste, et non plus en tant que simple locataire. « Vous arrive-t-il souvent de louer à des étrangers ? »
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Tesla H. Williams
Tesla H. Williams

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MessageSujet: Re: Is that all, stranger ? ▬ Christopher    Is that all, stranger ? ▬ Christopher  EmptyMar 17 Sep - 18:37

Très professionnelle, Tesla s’était sèchement dirigée vers son bureau, le claquement de ses escarpins amorti par le moelleux de l’onéreux tapis Sisal gris anthracite qu’elle avait fait poser près de deux moyens auparavant. Son meilleur investissement depuis qu’elle avait aménagé ses locaux ici, en plein cœur du centre-ville de Caswell. Elle avait pris place derrière la vaste table de verre, et croisé les jambes, dardant de ses prunelles azuréennes l’inconnu qui lui faisait face. Et tandis qu’il prenait la parole, la belle eut tout loisir de l’observer ; Sans rien lui trouver d’exceptionnel sinon la brève timidité qui imprégnait sa voix, elle accueillit avec un sourire on ne peut plus commercial l’intérêt qu’il portait à son agence immobilière et aux bien qu’elle proposait. Après tout, n’était-elle pas réputée pour être l’une des meilleures agences de tout ce côté du Maine ? D’un geste fluide, alors qu’une de ses mains présentait le siège vide face à elle et qu’elle l’invitait à prendre place, elle saisit l’un des nombreux dossiers qui traînait sur son bureau et s’y pencha scrupuleusement. Ledit dossier, dont la couverture mauve indiquait qu’il s’agissait d’une location, était présenté aux nom et prénoms de madame Tesla Helen Williams ; Nombre des appartements que proposait la société immobilière Williams n’étaient en fait que sous-gestion immobilière privée, tandis que les propriétaires étaient des particuliers. L’appartement qu’elle proposait-là était le sien propre, et faisait partie du capital de sa famille depuis plusieurs générations, ce qui expliquait – entre autres – qu’elle prit la peine de s’occuper elle-même de la visite et de la signature du bail. C’était une vieille bâtisse aménagée de plusieurs appartements qu’elle louait à un prix proprement irraisonnable, mais qu’elle avait de verve pour savoir vendre et dont la plupart étaient déjà occupés. Monsieur Sanders, qui habiterait le dernier étage de la bâtisse, n’aurait probablement pour voisin que les pigeons et les rats du grenier, ce qui était fort à la convenance des locataires actuels, pour la plupart citadins depuis quelques générations déjà. Et fortement xénophobes.

Comme il était de coutume, Tess lui expliqua les tenants et les aboutissants du contrat de bail ; Un laïus au fond proprement inutile, puisque la trentaine approchant, l’homme devait savoir y faire avec les bailleurs et le droit immobilier, quoiqu’elle put avoir la prétention d’être, en terme de commerce, l’un des plus retors. Elle lui lut solennellement les clauses principales, comprenant la désignation des parties, la désignation et description des biens, le montant du loyer (une aberration),  l'utilisation du bien (une évidence), les travaux à la charge du bailleur ou du preneur (sans trop prendre de risque, puisque l’appartement venait d’être refait à neuf), le montant du dépôt de garantie (20% d’une aberration), la durée du bail (qu’elle n’espérait pas trop longue). Au bout du discours interminable que lui offrait la gestionnaire d’une voix aérienne et pousse-au-crime, son poisson était ferré et elle n’avait plus qu’à le cueillir dans le creux de sa main. Alors qu’un sourire charmeur ourlait le renflement de ses lippes, dévoilant une rangée de dents impeccables, la belle suggéra d’un « Que diriez-vous de le visiter à présent ? » que tous deux se dirigent enfin vers ledit bien afin de procéder à la visite – une formalité en soi – et surtout à la signature du contrat de bail qui devait lui assurer sa rente pour les mois à venir. Ce qu’il accepta avec un entrain non dissimilé.

Alors que la directrice regroupait et ramassait ses affaires, qu’elle glissait dans son sac à main, et passait sur ses épaules le revers de son manteau, la jeune femme désigna la porte par laquelle ils s’empressèrent de sortir. Elle fit un signe discret à sa secrétaire qui, l’oreille toujours vissée à son téléphone, lui répondit d’un hochement de tête équivoque. Elle ferait patienter quiconque demanderait à la voir. L’appartement n’était qu’à dix minutes de son bureau, elle comptait que toutes les démarches prendraient, en tout et pour tout, une heure. Après quoi elle retrouverait son bureau, ses dossiers, ses coups de fil, et l’intégralité de ce qui faisait son quotidien depuis déjà plusieurs années. Étrangement, Tess ne rêvait jamais de vacances, pas plus que de construire une vie en dehors de son travail. À certains égards, elle vivait pour sa profession. Mais contrairement à ce que servaient les clichés sur les carriéristes effrénées, elle n’était guère gênée par la situation. Elle avait la large poignée de la porte d’entrée dans sa main quand l’étranger lui posa une question pour le moins déconcertante, sinon dérangeante. Elle tiqua un instant, remerciant le ciel qu’il ne put le remarquer, avant de se ressaisir et se tourna à demi vers lui alors que le mordant d’une bourrasque venait déchirer sa peau laiteuse d’un frisson imperceptible. « C’est aux nouveaux arrivants que je dois mon plus gros chiffre d’affaire, alors on peut dire ça oui… » Semi-mensonge à moitié  pardonné ? Tesla louait la plupart de ses propres biens aux étrangers, ce qui était loin d’être le cas de la plupart des autres propriétaires qui mettaient en location leurs immobiliers dans son agence. Et qui se montraient bien plus réticents à laisser de telles personnes mettre pied dans leur propriété. Tess n’avait pas ces scrupules-là. « Allons-y à pied, nous ne sommes pas loin. »  

Les rues baignées de lumière ne s’étaient toujours pas réchauffées. Fort heureusement, l’ensoleillement était de loin suffisant à les prévenir d’un mauvais coup de froid, et le vent semblait leur avoir laissé du répit, pour le moment. Christopher l’apprendrait à ses dépens, ça me durait jamais longtemps. Elle profita un instant de sa douce chaleur, fermant quelques secondes les yeux, n’ayant plus d’autres sensations que cette caresse délicate sur la courbe de son visage. Au bout de quelques minutes, elle décida d’engager la conversation : « Alors, qu’avez-vous pensé de votre première journée ici ? Vous venez pour le travail si les souvenirs de votre e-mail sont bons. »
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Christopher Sanders
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MessageSujet: Re: Is that all, stranger ? ▬ Christopher    Is that all, stranger ? ▬ Christopher  EmptyJeu 19 Sep - 22:15

La question de la jeune femme fit hésiter Christopher dans le choix de ses mots. Que dire, sinon la vérité ? Tesla Williams était en voie de devenir sa propriétaire, et mieux valait ne rien lui cacher. Et puis il n’était pas obligé de tout lui révéler, il pouvait se contenter d’une réponse courte, et sans détails.

« Oui, effectivement, je suis journaliste envoyé par le Concord Monitor. J’ai été envoyé dans le cadre d’un article pour un dossier spécial sur les villes et villages du Maine. Pour répondre à votre question, j’ai connu meilleur accueil. Je me suis fait agresser avant de trouver votre agence. »

La directrice de la société immobilière leva une main inquiète jusqu’à sa poitrine. « Oooh… Rien de grave, j’espère ? » Christopher apprécia sa sollicitude et lui résuma les évènements en quelques phrases. Elle parut chagriné et il lui assura qu’il n’avait subi aucun heurt ni aucune blessure. Ils parvinrent finalement au 12, Reagan Street.

Le bâtiment accusait le coup de l’âge : la façade avant était noire de crasse et ne devait pas avoir été entretenue depuis de nombreuses années. Mme Williams sortit les clés de son sac à main afin d’ouvrir la porte d’entrée de la bâtisse, tandis que Christopher observait les fenêtres de ses futurs voisins. Une vieille femme passa la tête à l’extérieur en ouvrant ses volets au troisième étage, et les claqua aussi sec quand elle aperçut Christopher. Le journaliste s’y était presque attendu et ne fut pas surpris outre-mesure. Le cliquetis des clés dans la serrure prit fin lorsque la directrice immobilière poussa la lourde porte qui s’ouvrit dans un grincement sinistre. Le hall d’entrée était sombre, et le faible éclairage en provenance de la lampe au plafond une fois qu’elle eut appuyé sur l’interrupteur ne changea pas grand-chose. Dans cette pénombre, ils avancèrent jusqu’aux escaliers (aucun ascenseur à signaler, évidemment) et montèrent les marches sans se presser. A chaque palier franchi, Christopher eut l’impression qu’on l’observait derrière le judas. Un frisson de malaise le parcourut mais il le réprima et ils arrivèrent finalement au dernier étage. Nouveaux cliquetis, nouveau grincement sinistre, et ils pénétrèrent à l’intérieur de l’appartement.

Christopher fut enchanté par ce qu’il vit : un logement refait à neuf, comme l’avait précisé la jeune femme avant de lui présenter le prix relativement indécent (mais couvert par l’agence de presse, donc Christopher n’avait fait aucune remarque à ce propos.) Les murs sentaient encore la peinture et le neuf et le jeune homme apprécia la fraicheur des lieux. Les meubles essentiels étaient disposés çà et là : un petit frigo, une vieille gazinière, un lit en bois avec un matelas sans draps, une table en verre (comprenant quelques fêlures) faisant office de bureau et une chaise en rotin face à cette même table. La pièce principale était plutôt grande, et une porte donnait sur la salle de bain où le parquet laissait place au carrelage. Toilettes, lavabo et baignoire trônaient de ce côté de l’appartement, qui convenait parfaitement à Christopher. Tout comme le reste.

Le journaliste traversa de nouveau la pièce principale pour se mettre à la fenêtre et admirer la vue : il put contempler la ville dans son étendue et l’horizon lointain, clairsemé de quelques immeubles plus hauts que les autres. Après quelques minutes passées à jeter un œil aux quatre coins de la pièce et à regarder par la fenêtre, il finit par être certain de son choix. La seule chose qu’il espérait, c’était que ses voisins ne soient pas tous comme ces gens avec qui il avait eu affaire dans la matinée. Mais sachant qu’il allait habiter au dernier étage, il ne risquait pas de déranger quiconque. Et s’il devait avoir des problèmes avec le voisinage, il contacterait l’agence de location. Tesla Williams avait l’air d’être quelqu’un de bien, sous ses allures de cadre dynamique. Du moins, c’est ce qu’il pensait.

« Je suis conquis, je le prends. Vous ne m’avez pas menti sur la qualité. »
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Tesla H. Williams
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MessageSujet: Re: Is that all, stranger ? ▬ Christopher    Is that all, stranger ? ▬ Christopher  EmptyVen 20 Sep - 16:26

Tess avait déjà entendu parler du Concord Monitor, mais il ne lui semblait avoir encore jamais eu à accueillir l’un de ses envoyés. Bien entendu, les journalistes étaient légion à se présenter aux portes de Caswell, mais il s’agissait la plupart du temps de petites dépêches locales, ou tirées en petit nombre et ils partaient la plupart du temps aussi vite qu’ils étaient venus. Le C.M, lui, était le principal journal de la capital du New Hampshire, état duquel était originaire l’étranger. Comme il le lui avait déjà dit dans son mail, il avait été envoyé dans le cadre d’un reportage portant sur les villes et villages du Maine et ses alentours, et tel qu’elle l’avait espéré, il n’avait pas l’intention de s’attarder ici. Ce qui était aussi bien pour lui que pour elle. D’autant que quelqu’un était prêt de reprendre l’appartement sitôt qu’il s’en serait allé ; C’était une histoire glauque d’une femme et de son amant, ou d’un homme et de sa maîtresse. Le souvenir était flou… Il enchaîna sur l’accueil peu chaleureux qu’il avait eu à essuyer en se rendant à son agence, précisant qu’il s’était fait agresser – par des locaux, supposait-elle –  ce à quoi Tesla répondit d’un air passablement choqué, par lequel pointait une larme d’inquiétude. Dans un geste délibérément évocateur, elle posa sa main au cœur, et s’enquit rapidement de sa santé, ce sur quoi il s’empressa de la rassurer : Il allait très bien. Au fond, la directrice se fichait comme d’une guigne de savoir s’il allait bien ou pas. Selon toute vraisemblance, il n’avait pas été trop brusqué – dans le cas contraire, il serait à l’hôpital et non avec elle – et autant qu’il s’y fasse, ce genre de petites mésaventures deviendraient son quotidien et ne cesserait d’empirer qu’à son départ. Cependant, elle se garda bien de lui dire sachant qu’elle avait une affaire à mener. Pour toute réponse, elle poussa un soupir rassuré et lui offrit le sourire le plus commercial qu’il lui était permis d’arracher à ses lèvres transies de froid. D’entre elles s’échappaient un « C’est le plus important » aussi faux qu’évanescent. Le plus important, c’était qu’il appose sa signature au bas du contrat.

Il leur fallut quelques minutes de route supplémentaires pour atteindre le 12 Reagan Street, future logement, espérait-elle, de Christopher Sanders. La bâtisse n’était plus de prime jeunesse, cela allait s’en dire, et pour accuser le coup de l’image quelque peu insalubre qu’elle offrait, Tesla précisa au journaliste que c’était ce genre détail qui conférait tout leur charme aux vieux bâtiments. Et pour la première fois depuis qu’elle lui avait serré la main, dans le sein de cette agence, la blonde était le plus sincère du monde ; Elle trouvait en ces lieux une majesté et une prestance qui la laissait souvent muette d’admiration. À laisser courir ses doigts sur les moulures érodées par le temps, il lui semblait presque pouvoir sentir sous sa pulpe l’histoire qui se déroulait. C’était une fascination muette et contemplative, qu’elle gardait le plus souvent pour elle. Qu’elle gardait toujours pour elle. Dans ses jeunes années, elle avait même activement agi dans des associations de restauration du patrimoine urbain, pour la réhabilitation des vieux locaux près d’être détruits. Mais ça c’était avant, bien avant. Avant qu’elle ne comprenne le vrai pouvoir de l’argent et ce qu’il impliquait. Les vieilles choses n’ont pas la place dans ce nouveau monde.

Arrivés devant la porte, elle fouilla quelques instants les poches de son sac pour en sortir un trousseau de clés fraîchement refaites et batailla quelques instant pour décoincer l’antique serrure et pousser la lourde – très lourde – porte de chêne. Aussitôt, l’odeur de renfermé lui emplit les poumons, et dans un imperceptible soupir, elle chercha à tâtons l’interrupteur de la lumière, qui se faisait grège au faite des trois mètres qu’offrait le plafond. Il faisait toujours sombre et frais dans le hall d’entrée, ce qui était agréable été comme hiver. Un immense colimaçon de marbre tranchait les étages, qu’ils grimpèrent dans le silence le plus total, laissant le bruit de leurs talons résonner sur la pierre froide. Lorsqu’ils atteignirent enfin le dernier étage, la pénombre avait laissé place à une lumière froide, qui frappait les tomettes depuis le vitrail ornant le toit du bâtiment ; À droite toute, c’était la porte de l’appartement pour lequel il s’apprêtait à s’engager. Une bataille de clés plus tard, Tess ouvrait ladite porte, se laissant aveugler l’espace d’un instant par l’éclat de fin de matinée qui la frappa de plein fouet. La clarté qui régnait dans la maison tranchait incontestablement avec la pénombre extérieure ; Orienté plein est, il bénéficiait de lumière toute la matinée et les besoins en chauffage étaient minimes, en raison de l’excellente isolation thermique – qu’elle s’était assuré de refaire il y a peu. Elle précisa qu’il pouvait demeurer quelques problèmes d’insonorisation, mais que le passage restait faible dans cette partie de la ville. La tuyauterie restait, de tout l’appartement, la seule chose qu’elle n’avait pu faire refaire ; Les conventions datant de près d’un siècle et demi, il lui faudrait attendre quelque peu avant de pouvoir y songer, puisque les démarches étaient longues et anciennes, pleines de mauvaises surprises. Il fallait s’attendre à quelques soucis de ce côté-là. Tout cela, elle ne manqua nullement de le lui préciser. Elle craignit un instant que ces quelques tracas ne le fasse changer d’avis, et pria le temps qu’il était parti en faire le tour, que l’appartement lui convienne toujours. Et en effet, c’est avec un ravissement certain qu’elle accueillit  le ravissement et l’engouement qu’il avait vis-à-vis de son bien. Autant dire que l’affaire était dans le sac. « Alors tout est parfait ! Nous allons pouvoir procéder à la signature. » Sourit-elle. Le directrice ne répondit rien de sa remarque sur le fait qu’elle n’avait pas menti à propos de l’appartement ; Tesla était un requin, cela allait s’en dire, mais un requin qui n’outrepassait jamais la loi. Mensonge sur les qualités essentielles du bien était passible d’une lourde amande, voire d’emprisonnement, dans le Maine.

Elle sortit le dossier de la pochette mauve qu’elle tenait sous le bras, s’assit à la table de verre, invitant l’homme à faire de même. Brièvement, elle lui rappela les termes du contrat, le loyer – toujours aussi cher ! – et lui précisa qu’en cas de rupture du bail, il lui faudrait lui faire un courrier recommandé, à la réception duquel s’ouvrirait le préavis de trois mois datant son départ. Après s’être assuré qu’il avait bien saisi les tenants et les aboutissants, elle tourna le contrat vers lui et lui indiqua les bas de page au pied desquels il devait apposer ses initiales et sa signature. Lorsque ce fut fait, et le contrat officialisé, elle lui tendit les clés de son nouveau logement. « Bienvenue chez vous monsieur Sanders. »
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Christopher Sanders
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MessageSujet: Re: Is that all, stranger ? ▬ Christopher    Is that all, stranger ? ▬ Christopher  EmptyDim 22 Sep - 21:12

Christopher reçu les clés de l’appartement des mains de Mme Williams et ressentit l’agréable sensation qu’était celle de l’accomplissement. Il rangea l’objet dans la poche de sa veste et consulta sa montre : il était presque midi et il sentait son estomac gronder. Il lança un regard chagriné en direction du frigo, dans un coin de la pièce, qu’il savait pertinemment vide. Il lui faudrait faire des courses rapidement, mais il avait trop faim pour s’en occuper dès maintenant. Christopher reporta son attention sur la directrice Williams et lui sourit. « Dites, je ne connais pas la ville et je meurs de faim… Ça vous dirait qu’on mange ensembles ? Vous devez connaître les bons endroits dans le coin. Je vous invite si vous voulez. » Mme Williams accepta avec grand plaisir et après que Christopher eu récupéré son portefeuille à l’intérieur de son sac qu’il ne souhaitait pas trimballer, ils sortirent ensembles du bâtiment.

« Appelez-moi Christopher, Mme Williams,  lui dit-il une fois à l’extérieur. D’ailleurs… Madame ? Ou Mademoiselle ? »

« Mademoiselle Williams, ça ira très bien » sourit-elle. Christopher acquiesça d’un air entendu avant de lui demander par où devaient-ils se diriger. Mlle Williams lui emboîta le pas avec visiblement une idée en tête, et Christopher la suivit de près pendant tout le trajet. Ils parvinrent jusqu’à un établissement qui s’annonçait luxueux, ou c'était tout du moins l’impression que dégageait la façade rouge ornée de lettres dorées. L’enseigne au-dessus de la porte indiquait qu’il s’agissait d’un restaurant trois étoiles, « The Caswell’s Pot ». Les prix étaient affichés sur un panneau et bien qu’élevés, Christopher décida de faire confiance à sa propriétaire pour la qualité à laquelle il s’attendait. Ils pénétrèrent à l’intérieur de la bâtisse, qui faisait l’angle d’une rue à deux pâtés de maison de son nouveau chez-lui. Sur le chemin, il s’était efforcé de faire attention au nom des routes et allées traversées, afin de commencer à mémoriser le plan du quartier. A l’intérieur du restaurant, l’esthétique globale était agréable à l’œil tout en demeurant sobre et ancienne. Des nappes rouges couvraient des tables antiques, un chandelier argenté pendait au plafond et des bougies étaient fixées au mur, donnant au lieu des allures de vieille taverne, ce qui avait un certain charme et plaisait au journaliste. Mlle Tesla s’arrêta au niveau d’une table pour deux dans un coin de la pièce centrale, fit un signe de la main au serveur près de la caisse et ils s’assirent tous deux l’instant d’après. Un jeune homme bien habillé et peigné vint leur apporter la carte, et Christopher fut ravi de ne discerner aucun mépris dans ses yeux lorsqu’il le regarda. Mais peut-être ne savait-il pas qu’il était un étranger, ou peut-être était-il trop jeune pour se prêter à ce jeu désolant. Dans tous les cas, Christopher lui adressa un large sourire en le remerciant pour la carte. Ils firent leur choix en quelques minutes, et le journaliste opta pour une côte de bœuf cuisinée à la française tandis que Mlle Williams lui préféra des spaghettis à l’italienne. Les menus étaient hors de prix mais Christopher avait suffisamment d’argent de côté (dont il ne se servait jamais assez) pour permettre cette petite folie. Il décida ainsi d’ajouter à sa note une bouteille de champagne pour célébrer l’accord conclu entre les deux parties.

Pendant que les cuisiniers s’affairaient aux fourneaux, Christopher ne put s’empêcher d’admirer la beauté de la femme qui lui faisait face. Son regard était particulièrement intense et captivant. Ses yeux donnaient l’impression qu’ils voyaient au fond de vous ; qu’ils sondaient votre âme sans que vous ne puissiez rien y faire. Il rompit le silence en engageant la conversation. « Alors, dites-moi, vous dirigez votre entreprise depuis longtemps ? »  

« Depuis cinq ou six ans déjà oui. J'ai repris l'affaire à la mort de mon père. » Répondit-elle. Christopher craignit d’avoir gaffé en faisant évoquer à la demoiselle un souvenir douloureux. Mais sa propriétaire ne fit rien transparaitre ce qui apaisa sa conscience. Il se contenta de hocher doucement la tête d’un air quelque peu gêné. Il reprit suffisamment de courage pour aborder quelques sujets banals, comme le temps qu’il faisait à Caswell, le nombre d’habitants, les boutiques à connaitre, les grands axes de la ville ou encore la température qu’il risquait de faire d’ici quelques mois. Lorsque le serveur revint avec les deux assiettes qu’il déposa sous leurs yeux, Christopher en profita pour lui poser une nouvelle question un peu moins terre-à-terre.

« Une femme comme vous doit avoir un planning chargé… J’imagine que vous avez des idées de vacances en tête, hors de Caswell sans doute ? »


Dernière édition par Christopher Sanders le Sam 19 Oct - 22:26, édité 1 fois
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Tesla H. Williams
Tesla H. Williams

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MessageSujet: Re: Is that all, stranger ? ▬ Christopher    Is that all, stranger ? ▬ Christopher  EmptyMer 25 Sep - 23:16

L’affaire s’était parfaitement déroulée et, elle devait l’avouer, Tesla n’en était pas mécontente. Son nouveau locataire, quoiqu’étranger, semblait quelqu’un de très sérieux, et d’ordonné, deux qualités qui n’étaient pas pour lui déplaire, surtout quand il s’agissait de mettre son bien entre les mains d’une tierce personne. Aussi, était-elle satisfaite que ce soit à lui et pas à un autre qu’elle puisse confier ses précieuses clés ; Il était aussi évident que si sa  tête ne lui était pas revenue, elle aurait de toute façon essayé de le décourager de louer son appartement et force est de constater qu’elle aurait probablement réussi. Tess avait une aura qui lui permettait de mettre naturellement les gens en confiance et lui permettait, dans une certaine mesure, de les diriger là où elle avait envie qu’ils aillent. Toujours est-il que, le contrat conclu, la directrice avait bien compté s’octroyer une pause repas durement méritée, dans son bureau, comme souvent, quand l’étranger lui fit une proposition aussi gênante qu’alléchante. Bien entendu qu’elle en connaissait, de bons endroits dans ce trou paumé, mais peut-être pas à la portée de sa bourse. Si elle voulait manger avec lui ? Peut-être, peut-être pas. En vérité, c’était non, elle ne voulait absolument pas, mais, à dire vrai, déjeuner seule jour après jour commençait à lui peser et qu’elle n’avait pas profité d’un bon restaurant depuis sa dernière grosse affaire, il y avait de ça déjà quelques mois. C’est pourquoi, après quelques instants de réflexion, la belle se tourna vers son locataire sourire aux lèvres et s’exclama d’un ton enjoué que « ce serait un plaisir », quand bien même cela n’en était pas réellement un.

Le temps que l’homme récupère son portefeuille, ils étaient sortis et avaient retrouvé le froid mordant de ce début d’hiver. Le temps de leur visite avait suffi au ciel pour se couvrir et, maintenant d’un blanc immaculé, leur cacher le soleil salvateur qui apportait jusque-là le peu de chaleur aux rues mornes de la ville. Avec une crainte certaine, elle se demanda s’il ne serait pas opportun d’en profiter pour rentrer plus tôt chez elle, afin d’éviter d’être surprise par des chutes de neige impromptue, comme il était de coutume dans cette partie reculée du Maine.

Par égard pour leurs pauvres mains transies de froid, Tess prit la peine de choisir un restaurant proche du centre-ville qui ne soit ni trop cher – pour son budget à elle –, ni trop bon marché ; Elle avait jeté son dévolu sur un établissement relativement luxueux où elle aimait se rendre de temps à autre, tout à la fois pour le cadre et pour la qualité du service. La cuisine n’était bien sûr pas en reste, puisque la directrice était amatrice de gastronomie et le restaurant qu’elle avait choisi avait été mainte fois récompensé par certains des plus grands critiques de ces dernières années. Elle ôta son manteau sitôt la porte passée, alors qu’une bouffée de chaleur l’étreignait, et que les odeurs alléchantes émanant des cuisines la faisait littéralement saliver. Il était midi quarante-cinq et elle était affamée. Elle appela un serveur, qui eut tôt fait de les diriger vers une table un peu en retrait et leur présenter les cartes. Leurs choix faits – elle ne faisait jamais affront aux somptueuses spaghettis à l’italienne du chef –,  ils passèrent commande et Tess dut admettre se trouver surprise par le choix qu’avait fait Christopher de leu commander du champagne. Oh, ce n’était pas le meilleur, loin de là, mais elle saurait s’en contenter ! Et ça avait l’avantage de prouver que l’homme n’était pas totalement irrécupérable.

Les yeux de la jeune femme, jusque-là vissés aux employés s’affairant de toutes parts pour servir leurs clients, tombèrent dans les prunelles brunes de son locataire, qui la dévisageait sans mot dire. Elle s’apprêtait par ailleurs à lui faire une remarque bien sentie lorsqu’il engagea la conversation, la lâchant sur une pente glissante qui lui déplaisait fortement. De manière générale, Tesla aimait conserver cette figure placide au caractère inflexible qui faisait d’elle la commerciale qu’elle était. Bien entendu, cela passait par ne rien dévoiler de sa vie privée, et encore moins de son passé. Trop de choses se cachaient dans le passé, et Tesla ne le savait que trop bien. C’est pourquoi, lorsqu’il commença à poser des questions sur son entreprise, la directrice mit un terme à la discussion en évoquant le souvenir le plus douloureux qu’elle avait : la mort de son père. Et ce indépendamment du fait que les deux sujets n’avaient, pour ainsi dire, aucun rapport, son père lui ayant laissé les commandes l’entreprise bien avant sa mort. Leur discussion continua sur des banalités, ce qui lui allait parfaitement. Ils discutèrent de tout, les gens, les températures, les évènements, et de rien, laissant à ces quelques fois un silence oppressant que l’un ou l’autre ne tardait jamais à briser. Lorsqu’enfin leurs assiettes arrivèrent, son locataire en profita pour repartir sur un nouveau sujet. Un sujet pour le moins anodin. « J’ai toute ma vie ici. Mes connaissances, mon entreprise. J’aime ce que je fais, j’aime cet endroit. C’est chez moi, le meilleur repos du monde. Elle lui offrit un sourire léger, qui se voulait chaleureux. C’était sans compter sur le fait que toute la chaleur du monde ne savait éclairer le froid d’un cœur solitaire. Je n’ai pas non plus de famille à emmener en vacances, non... En fait je n’ai que mon travail. Et ça me va très bien ! » S’empressa-t-elle d’ajouter. Elle but une gorgée de champagne pour laisser glisser la bouchée de pâtes qu’elle venait d’avaler. « Et vous ? Auriez-vous laissé une famille derrière vous, que vous seriez pressé de retrouver ? » Espérait-elle.
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MessageSujet: Re: Is that all, stranger ? ▬ Christopher    Is that all, stranger ? ▬ Christopher  EmptySam 19 Oct - 22:50

Christopher supposa qu’il savait ce dont parlait Tesla quand elle disait qu’elle n’avait que son travail dans la vie. Il connaissait bien ce sentiment de n’appartenir qu’à son travail et de laisser tomber vacances et congés pour s’y consacrer. Bien qu’il adorait s’adonner à ses loisirs préférés, il ne supportait pas l’idée de rester loin de ses papiers trop longtemps. Quant à sa famille, il ne la voyait que très peu souvent, et cela lui suffisait amplement. Ainsi, il se trouvait des points communs avec Mlle Williams.

« Eh bien, je dois dire que personne ne m’attend. Je pense que je vais demeurer ici un bon moment. »

Christopher porta la coupe de champagne à ses lèvres. Il avait bon goût et accompagnait parfaitement son repas qu’il savourait avec délice. La côte de bœuf était exquise. Après quelques bouchées, il relança une discussion plus terre-à-terre avec Mlle Williams. Il appréciait ce moment qu’ils partageaient, eux qui se connaissaient à peine, eux qui semblaient au fond tellement différents, mais qui possédaient tout de même des points communs. Depuis son arrivée en ville un peu plus tôt, il n’avait guère eu droit à beaucoup d’égards et de sympathie. Pourtant, Tesla Williams paraissait plus gentille, plus agréables que ses congénères. Christopher se surprit à espérer qu’il la reverrait.

Quand ils eurent tous deux achevé leur copieux repas, ce fut Mlle Tesla la première qui indiqua qu’il était l’heure d’aller se remettre au travail. Le journaliste acquiesça et une fois qu’il eut réglé l’addition il suivit la jeune femme jusqu’à l’extérieur du « Caswell’s Pot » où le soleil de midi inondait encore la rue, ce qui n’était pas sans déplaire étant donné le climat glacé de l’endroit. Christopher et Mlle Williams se séparèrent après un « Au revoir » cordial et chaleureux, du moins pour l’un d’entre eux. Il la regarda s’éloigner et bifurquer à la première intersection qu’elle croisa, et il se retrouva à nouveau seul. Au bout d’un moment passé à regarder autour de lui, il décida à revenir jusqu’à son nouveau chez lui pour mettre sa solitude au chaud. Ce n’était pas l’unique raison à sa motivation : il n’était pas à l’aise dans ces rues où les quelques personnes qu’il croisait le toisaient d’un regard chargé de mépris. Il avait dit à sa nouvelle propriétaire qu’il allait rester un moment à Caswell mais cette vérité lui apparaissait de moins en moins solide. Néanmoins, il était ici pour une raison solide, inébranlable, qui l’empêchait de partir avant d’avoir mené son objectif à son terme.
Lorsqu’il atteignit l’immeuble abritant son nouvel appartement, il fut soulagé de ne pas s’être trompé de chemin. Il aurait préféré n’importe quoi plutôt que de demander sa route à un habitant.

« Tu es ridicule, ils ne peuvent pas tous être comme ça. C’est une coïncidence, si tu n’es tombé que sur des cons, à l’exception de ta proprio. » Pensa-t-il à haute voix en pénétrant dans son nouveau salon. La raison l’emportait : il était hautement improbable, et même impossible, que la ville entière soit contre lui. Il se faisait des idées, ce qui l’étonnait, lui qui avait l’habitude d’être rationnel.

Il s’installa à la petite table qui trônait au milieu de la pièce et y déposa son calepin qu’il avait sorti de son sac. A l’aide de son crayon, il griffonna quelques notes.

« Tesla Williams
Approx. 30 ans
Soc. Logement / Proprio. / Acharnée du travail
Peu de relat° familiale
Quelle est votre opinion par rapport aux meurtres récents ? »


Il avait barré la question qu’il avait écrite pour entamer sa « liste interrogatoire » car elle lui paraissait trop directe. Il allait falloir attendre un peu avant de la lui poser. Il sentait qu’il avait tout intérêt à être discret cette fois. Car il avait un mauvais pressentiment là-dessus.
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